La démocratie participative est, à mon sens, essentielle pour réconcilier les citoyen.ne.s et la politique. C’est quoi ? Considérer que les citoyen.ne.s sont les mieux placé.e.s pour transmettre aux décideurs.euses ce qui se passe sur le terrain, que certaines décisions peuvent avoir des impacts concrets sur leur quotidien et qu’il est donc indispensable pour une municipalité d’organiser leur implication directe dès le début d’un projet. Contrairement à ce que ses détracteurs, comme Mr Feuvrier le maire de Fougères, peuvent dire, il ne s’agit pas de priver les élu.e.s de leur rôle mais de faire en sorte que certaines décisions se prennent en collaboration avec les habitant.e.s. Pour comprendre de quoi on parle, la Fondation pour la Nature et L’homme explique très bien les choses dans cette courte vidéo.
Je participe régulièrement aux Conseil Municipal de Fougères et j’entends souvent la majorité mettre en avant son talent en la matière mais force est de constater que l’équipe de Mr Feuvrier confond pseudo-consultation citoyenne (souvent malhonnête) et la véritable démocratie participative. Il est vrai que ce sujet n’était,semble-t-il, pas dans son programme lors des élections en 2020 alors pourquoi vouloir faire croire le contraire ?
Quitte à prétendre impliquer les citoyen.ne.s dans certaines décisions de la ville, autant le faire. Des ressources sur la méthodologie sont pourtant disponibles facilement comme la charte de la participation du public du Ministère de l’Écologie 😉
Cet article à pour but de mettre en avant la vision surprenante de la majorité municipale en terme de démocratie participative et de l’inviter a plus de collaboration citoyenne.
Tout est parti du spéctacle auquel j’ai assisté lors du conseil municipal du 26 septembre lorsque la question de la sécurisation de la circulation à vélo autour de La Coursive a été débatu … mais j’y reviens plus tard.
Le maire de Fougères ne veut pas de Démocratie participative.
Pas d’inquiétude, c’est lui qui annonce la couleur. Prenons par exemple l’exemple de la rocade nord de Fougères. Mr Feuvrier faisait parti des élu.e.s qui s’inquiétait « du poids d’un comité citoyen » proposé par le conseil départemental pour travailler sur les mobilités. Dans l’article il est précisé qu’il s’inquiète car « Si l’avis du comité citoyen est différent de celui des élus quelle sera la position du Département ?« . Cela souligne bien qu’il n’envisage absolument pas de soumettre un avis construit conjointement avec le comité citoyen puisqu’il envisage emettre un avis différent de celui du conseil communautaire. Il semble penser que, dans la mesure ou il a été élu, il peut décider seul. Il l’a d’ailleurs dit lors du conseil municipal le 24 septembre.
« Nous souhaitons les associer mais dans la démocratie locale, ce sont les élu.e.s qui décident » – Louis Feuvrier lors du conseil municipal du 7 décembre 2023
Les associer … mais de quelle manière ? C’est un vrai sujet ! On parle de la manière dont sont menés les éco-conseils de quartier ou des réunions publiques pour parler de projets déjà ficelés ? Je liste un peu plus tard des faits précis qui font sourire (jaune) sur la manière d’associer les habitant.e.s au projets de la ville.
Il est assez « amusant » de lire qu’une des rares fois où il parle publiquement de sa vision de la démocratie participative, c’est pour souligner un « malaise démocratique » comme dans ses voeux début 2024 … ça en dit long.
Contradictions et limites de la consultation citoyenne selon la mairie de Fougères.
Vous avez déjà assisté au conseil municipal ? Outre comprendre comment est gérée la politique de la ville, on en apprend beaucoup sur la façon de penser de certain.e.s élu.e.s et au fil des conseils, on peut avoir quelques anecdotes à relayer …
L’aménagement urbain autour de La Coursive
Vous connaissez La Coursive ? Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et des Patrimoines qui est actuellement en cours de construction près du chateau ? Ce 26 septembre, l’aménagement urbain autour du batiment était en discussion au conseil municipal et notamment la sécurisation de la circulation à vélo à proximité du lieu. Vous pouvez écouter toute la séquence en cliquant sur la vidéo ci-dessous. Elle commence au bon moment. L’échange est un peu long mais très insctructif.
En synthèse, la mairie se félicite du travail avec le groupe vélo composé de citoyen.ne.s et de l’association Osez le Vélo à Fougères qui regroupe des usager.e.s du vélo à Fougères. Jusqu’ici vous me direz, tout va bien …
« On a eu le travail avec le groupe vélo lundi prochain » – Diana Lefeuvre, adjointe Déléguée à la transition écologique et énergétique et aux travaux
Ce lapsus aurait du me mettre la puce à l’oreille sur le fait qu’il y avait là un sujet important. Si on écoute la réponse de Diana Lefeuvre, on comprend bien que le groupe vélo à été consulté et qu’un autre sujet sera abordé le lundi suivant puisque l’aménagement de la circulation à vélo devant le batiment est voté le soir du conseil. Dans l’extrait, Mme Lefeuvre est d’ailleurs très fière de leur façon de faire de la démocratie participative. Il serait intéressant de savoir comment s’est passée cette consultation 😏
En fait je me suis rendu compte de l’arnaque bien plus tard … Nous sommes le 19 octobre et à l’appel de l’association Osez le Vélo, une quarantaine de personnes (dont moi et 3 élu.e.s fougerais.es) s’est retrouvée pour rendre hommage au cycliste Paul Varry écrasé volontairement par un automobiliste à Paris le 15 octobre.
Lors de ce rassemblement, un représentant de l’association a pris la parole pour rendre hommage au cycliste assassiné et pour en appeler à des « politiques audacieuses, des projets concrets et d’engagements fermes pour protéger la vie de toutes et tous » ce drame faisant écho à « leurs échanges fréquents entre cyclistes du quotidien en ville et en campagne ».
Jean-Christian Bourcier, adjoint à la sécurité et à la tranquillité publique, était présent lors de ce rassemblement. J’ai voulu saisir l’occasion de lui demander si la prise de parole qu’il venait d’entendre ne lui faisait pas revenir sur sa prise de position contre l’aménagement de pistes cyclables sécurisées prévoyant une véritable séparation avec les voies de circulation voiture devant La Coursive. Il me répondra par la négative en me rappelant qu’il s’agissait d’une décision prise suite à un échange avec le groupe vélo dont fait parti l’association Osez le Vélo.
Ce qui me mettra assez en colère quelques minutes après, c’est quand j’ai pu échanger avec une des personnes qui a travaillé sur l’avis rendu par l’association. En résumé, la ville a demandé un avis en août qui devait être rendu pour le 9 septembre. Est-ce bien serieux de contraindre ce délai en pleine période de rentrée scolaire pour une association composée à 100% de bénévoles ? L’association a malgré tout donné un avis clair : elle demandait des voies séparées et sécurisées pour le passage devant le batiment. En résumé, pour la mairie c’est : on vous demande en espérant que vous ne puissiez pas répondre mais si vous répondez, on fera comme on a prévu…
Une drôle de façon d’inclure les citoyen.ne.s dans les projets de la ville.
Je précise que j’ai demandé à l’association une copie de l’avis. Je ne l’ai pas obtenu. L’association n’est d’ailleurs pas signataire de cet article et je comprends parfaitement qu’elle souhaite préserver ses relations avec la municipalité même si je regrette que l’avis ne soit pas rendu public.
Je termine ce point en soulignant les propos lunaire du maire lors du conseil municipal du 26 septembre pour conclure la discussion sur ce sujet. Il reproche à Elsa Lafaye ses « fake news » lorsqu’elle reproche à ce conseil son « manque de concertation ». Il précise lors de sa conclusion que lui et ses collègues « échangent énormément avec les citoyen.ne.s lors de nombreuses réunions dont vous n’avez pas forcément connaissance« .
Comment imaginer qu’une majorité puissent intégrer les habitant.e.s de sa ville s’il n’est même pas capable d’intégrer les élu.e.s d’une opposition élue …
Suppression des fontaines de la ville et participation citoyenne : un exemple flagrant.
Vous avez peut-être entendu parler de la suppression des fontaines de la ville afin de végétaliser ces espaces ? C’était en fin 2023. Le sujet était à l’ordre du jour du conseil municipal du 7 décembre 2023. Ce soir là, Hélène Mocquard (20000 Maires pour Fougères) avait interpellé la majorité sur le fait que ce projet rentrait complétement dans le champs d’action des éco-conseils de quartiers de la ville et qu’il était surprenant de ne pas sollicité les habitant.e.s via ces conseils. Elle soulignait d’ailleurs que le sujet n’avait pas été abordé en commission démocratie participative et vie citoyenne. Les réponses furent … suprenantes.
La majorité n’est pas opposée à la participation citoyenne pour ce dossier … mais … après :
- L’architecte des batiments de France
- Un paysagiste via un cabinet
- Pourquoi pas les citoyen.ne.s
On est loin de la concertation des habitant.e.s dès le début du projet pour les impliquer comme ce qui est préconisé quand on veut faire de la démocratie participative.
« Pour l’instant on en est absolument pas au choix des arbres, au choix des plantes » – Diana Lefeuvre, adjointe Déléguée à la transition écologique et énergétique et aux travaux.
Elle finira par déclarer que « rien ne nous empêche effectivement d’associer les citoyens mais nous n’en sommes pas à ce niveau là aujourd’hui » (je passe sur la réaction condescendante du maire quand Mme Mocquard explique qu’elle aimerait avoir la réponse de Mr Milesi, adjoint Délégué à la démocratie participative, à la citoyenneté et aux cérémonies patriotiques sur le fait que dans sa commission, ce sujet n’a même pas été abordé, mais elle en dit long sur l’autoritarisme de Mr Feuvrier).
C’est un principe pour cette majorité, il ne faut pas associer les citoyen.ne.s à la construction des projets de la ville que ce soit pour l’aménagement urbain autour de La Coursive, la végétalisation des fontaines de la ville ou … le stationnement payant pour les habitant.e.s autour du chateau…
Stationnement payant sur le parking de la poterne : les riverain.e.s apprenent la nouvelle … dans La Chronique.
Je ne suis pas le seul à déplorer le manque de concertation des habitant.e.s qu’applique méthodiquement la majorité municipale. Lors du conseil du 11 mai 2023, une vingtaine de citoyen.ne.s se sont invité.e.s pour dénoncer (notamment) l’absence de concertation en amont de la décision de passer le parking de la Poterne en stationnement payant alors même que cet emplacement est utilisé habituellement par les riverains. Si un collectif de citoyen.ne.s a pu échanger avec des élu.e.s, c’est après avoir apris la décision dans La Chronique… Vous pouvez écouter leur intervention et l’échange qui a suivi sur la vidéo ci-dessous (elle commence au bon moment 😉)
Que la majorité menée par Mr Feuvrier, qui a été élue démocratiquement, décide de faire sans l’implication des habitant.e.s de la ville, c’est son choix. C’est le programme de 20000 Maires pour Fougères qui proposait d’aller plus loin dans la démocratie participative mais le Maire a décidé de ne pas reprendre leurs propositions. La majorité doit assumer ce choix plutôt que de mentir en disant qu’elle utilise la démocratie participative dans la gestion de ses projets pour la ville.
En complément des propositions de 20000 Maires pour Fougères, découvrez (ou redécouvrez) d’autres idées pour une ville plus juste, écologique et démocratique où chacun.e pourra s’exprimer et participer à la gestion de la ville sur le blog.
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